Jul 30, 2013 | by Josh Martgin
Ce rapport présente les principales approches pratiques pour la mobilisation de l'épargne des pauvres et se concentre sur les innovations que les nouveaux prestataires de services d'épargne peuvent utiliser pour surmonter les défis clés. Le rapport porte, plus particulièrement, sur les défis aux niveaux des clients et des institutions avec pour but d'identifier les domaines d'intervention qui sont de la plus grande importance stratégique pour les praticiens. Un objectif important du rapport consiste à fournir des connaissances aux praticiens de l'épargne qui travaillent avec les personnes qui se situent au bas de la pyramide. Ils pourront utiliser ces connaissances dans le cadre d'un dialogue avec le secteur plus large des services financiers, ainsi que pour orienter leurs efforts afin d'augmenter de façon importante le nombre d'épargnants parmi les pauvres de ce monde.
« L'épargne, pierre angulaire : poser les bases de l'inclusion financière » décrit l'état de la pratique en matière de mobilisation de l'épargne pour les pauvres dans les pays en développement, sujet qui est abordé par le biais d'un cadre double qui s'intéresse à : (1) la valeur de l'épargne et (2) aux défis opérationnels. Ces deux concentrations sont complétées par des réflexions limitées sur l'environnement politique. Le rapport fait état des principales approches des institutions financières face à la mobilisation de l'épargne chez les personnes à très faibles revenus en se concentrant sur les innovations méthodologiques et technologiques qui peuvent être utiles à la prestation de services d'épargne de qualité. Il cherche à orienter ces praticiens vers des ressources qui leur permettront d'approfondir leur compréhension du comment et du pourquoi de l'épargne.a
La mobilisation de l'épargne à grande échelle est essentielle à la création de systèmes financiers inclusifs. On comprend désormais bien que l'épargne a un grand potentiel. Cela est ancré dans des preuves qui montrent que les pauvres épargnent en liquide et en nature, que ce soit une manière de créer de l'actif, de gérer les rentrées de fonds du ménage ou de gérer plus efficacement les risques. Toutefois, une grande partie de cette épargne reste informelle et en dehors du système financier. Le Global Findex de la Banque indique que seuls 16 % des adultes qui se situent dans les deux derniers quintiles en termes de revenu ( les 40 % les plus faibles) des pays à faibles revenus disposent d'un compte auprès d'une institution financière formelle, contre 86 % des adultes appartenant aux deux derniers quintiles en termes de revenus dans les pays à revenu élevé. Pour toute stratégie d'inclusion financière et de développement économique équitable, il est essentiel de combler cette lacune de l'épargne.
Les produits d'épargne présentent une valeur intrinsèque pour les consommateurs, les institutions et les décideurs politiques. L'accès aux services d'épargne permet aux consommateurs de protéger leur argent contre les exigences de la famille ou des amis, de maintenir un niveau de consommation égal, de faire le suivi de leurs fonds et d'être confiants de leur sûreté, ainsi que d'investir dans de nouvelles activités une fois qu'ils ont accumulé de l'épargne. Les institutions financières gagnent à mobiliser de l'épargne dans la mesure où les dépôts peuvent constituer une source importante et relativement peu onéreuse de fonds permettant de financer les prêts et autres services financiers. En outre, les services d'épargne peuvent aider les institutions à tisser des relations avec leurs clients, ce qui peut potentiellement mener à une plus forte demande en crédit et autres produits, tels que l'assurance et les services de paiement.
Les organisations et fondations intéressées par l'amélioration du bien-être général des pauvres profitent également de la mobilisation de l'épargne dans la mesure où ces services peuvent être associés à des programmes dans des domaines tels que l'accès au marché, la santé, l'éducation, l'autonomisation de la femme et les droits de l'homme. L'expansion des services d'épargne est également utile aux gouvernements compte tenu du fait que la promotion de l'épargne fait avancer les objectifs politiques concentrés sur l'amélioration des conditions de vie des citoyens indigents, en outre, les comptes de dépôts peuvent être utilisés pour effectuer des virements de liquide et d'autres prestations sociales de l'État.
Les praticiens qui prévoient de soutenir la mobilisation de l'épargne doivent d'abord se demander quelle est la meilleure solution à rechercher pour leur institution. Si une institution choisit de conclure un partenariat avec des institutions déjà autorisées à accepter des dépôts ou des institutions qui souhaitent faire leurs premiers pas dans l'acceptation de dépôts, les défis associés à la « culture de l'organisation » et les frais de démarrage doivent être pris en compte. Les questions de la formalité institutionnelle et de la propriété sont liées à une conception institutionnelle : les prestataires doivent choisir entre les options qui vont de solutions moins formelles (par exemple, des groupes qui appartiennent aux membres et qui sont gérés par eux) à des options plus formalisées (par exemple, des modèles de coopérative ou d'agents en partenariat avec des institutions réglementées) à la transformation totale en entité financière réglementée soumise à la surveillance prudentielle de l'État.
Une fois le cadre institutionnel établi, les caractéristiques du produit doivent être identifiées et les avantages et les inconvénients qui y sont associés doivent être analysés. Les produits d'épargne peuvent être regroupés ou individuels, les prestataires peuvent également intégrer des conditions d'engagement dans les produits sur la base du temps, de l'intensité, du solde ou du but. En règle générale, les produits d'épargne doivent être personnalisés pour répondre aux préférences et besoins locaux. Les stratégies et les défis associés à la mobilisation doivent être pris en considération, y compris les frais de transaction aussi bien pour les clients que pour les prestataires, le manque de confiance, les défis liés à l'éducation et l'analphabétisme et/ou l'innumérisme.
Plusieurs programmes ont tenté d'aborder ces défis par le biais de l'adoption d'approches innovantes, tels que la consolidation de l'épargne au sein de programmes de paiement État-à-personne (en anglais, government-to-person ou G2P), l'usage de banques et des technologies mobiles pour réduire les coûts, l'approche de réseaux sociaux et familiaux et l'offre de formation pour le renforcement des capacités financières. Les prestataires doivent également choisir les canaux de prestation avec attention. Un ensemble de solutions différentes a été testé sur le terrain, y compris des usages prometteurs de plates-formes mobiles, dont l'exemple le plus marquant est le modèle M-PESA au Kenya.
Lorsqu’ils songent aux stratégies de mobilisation, les praticiens ne doivent pas oublier l'importance d'un environnement propice et de leurs relations avec les entités de régulation. Les normes concernant la protection des consommateurs et un système de protection de régulation prudentielle peuvent contribuer au renforcement de la confiance des consommateurs envers les services financiers. Néanmoins, un nombre excessif de régulations restrictives et une trop forte imposition peuvent réduire de manière considérable la pérennité des programmes d'épargne, mettant ainsi en péril les effets positifs que la mobilisation de l'épargne pourrait avoir sur les clients pauvres. En règle générale, lors de la régulation de l'épargne, l'entité de régulation doit analyser l'ampleur et la maturité du secteur des services financiers dans le pays en question. Bien qu'il n'y ait pas de consensus quant à savoir si les prestataires doivent participer au processus de régulation ou non, les chercheurs ont tendance à dire que la relation entre les prestataires de services et les entités chargées de la régulation doit être basée sur la collaboration et la coopération afin que soit conçu le meilleur cadre possible.
Le rapport se termine sur une considération des voies vers l'accélération de la capacité des praticiens qui leur permettra de satisfaire la demande en produits d'épargne des pauvres. Pour ce faire, la principale voie consiste en davantage de recherches, particulièrement sur la manière dont les pauvres accèdent aux services d'épargne et les utilisent, ce qui permettra ainsi de mieux informer la conception de produits sûrs, économiques et adaptés. Davantage d'études soutiendraient également l'élan des praticiens en matière d'innovations et de pérennité, en influençant les décisions concernant l'usage de la technologie dans la prestation de services et l'investissement en capital humain au sein des organisations.
Toutefois, davantage d'études, seules, sont peu susceptibles de suffire à moins qu'elles ne soient étayées par des opportunités d'apprentissage qui renforcent les capacités des praticiens à utiliser les résultats des études de manière efficace pour ajuster, adapter et améliorer les produits d'épargne qu'ils élaborent, ainsi que pour impliquer les entités chargées de la régulation, les bailleurs et les investisseurs. En outre, des plates-formes, allant des associations du secteur dirigées par leurs membres à des sites web, sont nécessaires pour encourager la collaboration et pour accélérer la dissémination d'innovations extrêmement nécessaires. Ces plates-formes fortes du secteur peuvent aider les praticiens à encourager une plus grande coopération et davantage d'échanges avec les chercheurs et les entités chargées de la régulation sur la manière dont le secteur peut rapidement passer à l'échelle supérieure pour satisfaire l'énorme demande en services d'épargne de qualité pour les pauvres.
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